Au marché Dja Konan, dans la commune de Koumassi, il est 9h56 ce mercredi 28 février 2025. Les nombreux magasins situés entre la place de l'Espérance et le marché reçoivent de façon continue les clients qui viennent faire leurs achats, en ce début jumelé du ramadan et du carême chrétien. La structure de ces échoppes, situées non loin du Grand Carrefour de Koumassi attire l'attention des visiteurs. Ces boutiques qui proposent des marchandises allant du textile aux fournitures de bureaux en passant par les téléphones et ordinateurs.  Sabine Egnonkou, gérante d’une boutique d’ordinateurs importés, donne les raisons de son choix d’avoir installé son commerce dans un conteneur reformé depuis trois ans : « La première raison est la sécurité de mes marchandises la nuit tombée. Plusieurs tentatives de vol ont eu lieu, mais ils n'ont pas pu y pénétrer en raison de la structure en fer du magasin », assure-t-elle. Mme Egnonkou indique que la deuxième raison est que les coûts de location sont raisonnables : « Les conteneurs sont préférables aux magasins traditionnels, car ils sont moins coûteux. J’en suis à 80% satisfaite ».

    Le conteneur que loue Egnonkou Sabine appartient à Irié Bi Célestin. L’homme explique : « Les conteneurs sont flexibles et rentables ils offrent une solution rapide et économique pour les entrepreneurs qui cherchent à se lancer sans investir dans un local traditionnel. J'ai été poussé à investir dans ce type de structure en raison des coûts élevés de construction des magasins traditionnels et des problèmes de sécurité qui peuvent survenir dans les zones commerciales ».

    Sur le trottoir opposé, se trouve le magasin de Bathili Diallo, commerçant d'appareil électroménager. Taille moyenne, traits distingués, M. Diallo arbore une barbe teintée en rouge. Boubou marron et pantalon en tissu vert vif, il est installé dans sa boutique un peu plus espacée que celles de ses voisins. En fait, il s’agit d’un conteneur standard d’une surface d’environ 29, 7 mètres carrés, de 40 pieds de longueur et de 2, 44 mètres de largeur. M. Bathili explique que les magasins en conteneur reformés sont les meilleurs, surtout quand ils appartiennent aux usagers eux-mêmes : «L’aménagement d’un conteneur reformé en magasin ne prend pas du temps, contrairement aux magasins traditionnels qui peut prendre six mois. Le mien ne m'a pris qu’une semaine de conception. »

    La plupart des conteneurs que l’on aperçoit dans les rues d’Abidjan sont des conteneurs vieillissants qui proviennent du Port autonome d’Abidjan.

C’est le cas des conteneurs reformés par Christian Bonou. Depuis 25 ans, l’homme de 40 ans, installé en zone industrielle de Koumassi, précisément au sous-quartier Soweto avec son équipe, transforme les conteneurs. Son lieu de travail est rythmé par les bruits de perceuses et de marteaux. Dans l’espace occupé, des conteneurs partiellement aménagés attendent la finition. Combinaison de travail bleue et casque de protection vissé sur sa tête, M. Bonou inspecte avec soin chaque détail des conteneurs en transformation. « Les conteneurs sont une solution idéale pour les entrepreneurs et je dois veiller sur la phase finale qui consiste à transporter et poser le dispositif sur le site définitif ». L’expert explique que cette étape nécessite une planification minutieuse, car les conteneurs doivent être transportés avec précaution : « Nous prenons soin de choisir les routes les plus adaptées pour éviter les accidents pendant le transport », déclare-t-il. Une fois sur place, les conteneurs sont posés sur des fondations légères en béton pour assurer leur stabilité. « Là, nous connectons les réseaux d'eau, d'électricité et d'évacuation avec soin, en veillant à ce que tout soit fonctionnel dès l'arrivée des occupants », explique-t-il avec un grand sourire de satisfaction.

     Grâce à cette expertise, des clients comme Ouattara Abdoulaye, ingénieur sur le chantier de l'échangeur du grand carrefour de Koumassi, ont pu bénéficier de conteneurs aménagés. « J’ai fait appel à cet aménageur pour confectionner des conteneurs qui me servent de bureaux temporaires sur le chantier. Ils constituent une solution efficace, sont faciles à déplacer et à installer », dit M. Ouattara.

      Dans un précaire quartier à Attécoubé, un couple qui préfère rester anonyme a trouvé refuge dans un conteneur aménagé en maison. Le chef de famille partage son histoire : « Les conteneurs offrent une solution économique et rapide, permettant de vivre dignement sans s’endetter ». Et sa compagne ajoute : « Outre leur coût d’acquisition bas, les conteneurs sont également sécurisés, ce qui est essentiel pour nous ». Enfin, même la police nationale ivoirienne s’est mise à l’utilisation des conteneurs. Au grand Carrefour de la Vie à Cocody, sont dressés des conteneurs utilisés comme bureaux temporaires par les policiers.

   Aucune statistique précise sur l'utilisation de conteneurs comme magasins et bureaux n’est disponible en Côte d'Ivoire, mais il est clair que le secteur informel qui représente la grande partie du commerce local, pourrait inclure un nombre croissant de commerces logés dans les conteneurs.  Selon M. Traoré, expert en développement urbain, ‘’les conteneurs offrent une alternative viable aux magasins traditionnels, en raison de leur installation rapide et sécurisé »,