N´Guessan, le volontaire qui « sauve » les routes !


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Par De Lima Soro , , Luc
Mis à jour le 2024-06-28 20:14:34

Au carrefour Académie de Yopougon Niangon à droite, des nids de poule sont visibles.Les véhicules tentent tant bien que mal de les éviter, mais la tâche n´est pas aisée...


Ce mardi 30 avril 2024, Koffi N’Guessan dit Adamo a troqué sa tenue de maçon pour celle de volontaire de la route. Sous un soleil brûlant, il a décidé de colmater les nids de poule. À l’aide d’une pelle, il remplit les trous avec des cailloux qu’il a eu le temps de casser.

    Vêtu d’un jean troué et d’un débardeur, Adamo transpire à grosses gouttes. « Je travaille sur un chantier où une partie de la cour a été détruite. C’est pour cela que j’ai pris les cailloux pour remplir les trous qui sont sur la route, afin de permettre aux véhicules de passer plus sereinement », dit-il dans un français approximatif. Mais attention ! Le travail fourni par Adamo n’est pas gratuit. À la fin de la manœuvre, il demande de l’argent à tous les véhicules qui passent. « Monsieur, une pièce s’il vous plaît. Monsieur, c’est moi qui ai arrangé l’endroit », dit-il à chaque automobiliste.

   Certains de ces automobilistes acceptent de lui remettre des pièces d’argent, tandis que d’autres ignorent ses requêtes. Pour Arnaud Konan, chauffeur de taxi communal, le travail de ce volontaire est à applaudir. « Les nids de poule abîment nos pneus et nous empêchent de circuler correctement. Grâce à son travail, on arrive à circuler plus facilement. C’est pour cela que je lui ai donné une pièce de 100 francs », soutient-il. Souleymane, un autre chauffeur de taxi, ne partage pas du tout cet avis. « Ce qu’il a fait ne résout rien parce que d’ici une semaine, la route sera encore abîmée. Ce qu’il faut faire, c’est trouver une solution pour arranger cette voie définitivement. Si tous les taxis lui donnent des pièces, imaginez le pactole qu’il se fera ! », soutient-il.

   Koffi N’Guessan déclare pouvoir gagner jusqu’à 3 000 FCFA par jour pour le travail qu’il réalise. « Je cible les endroits où les routes sont en mauvais état et, quand j’ai des cailloux, je viens colmater les trous. Les automobilistes reconnaissants me donnent des pièces », indique l’homme.

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ENCADRE 2

Les bénévoles, ces « réparateurs » rapides

 

   Dans certaines communes du district d’Abidjan, la réparation de la voirie se fait avec l’aide des bénévoles, en attendant l’intervention des personnes ressources. Ces bénévoles, avec leurs propres moyens et l’esprit d’imagination, s’adonnent à boucher des nids de poule sur des routes dégradées soit avec des cailloux soit avec d’autres objets, pour faire disparaitre, pour quelques moments, les creux existants sur les voies. Ils procurent une satisfaction éphémère aux conducteurs. Pour preuve, les mêmes nids de poule réapparaissent quelques jours plus tard. Par ailleurs, les actions des bénévoles, loin d’être des actions de civisme, se font en général moyennant un pourboire quémandé.

   Enfin, les activités des bénévoles créent souvent un ralentissement de la circulation au grand dam des autorités municipales contraintes de constater que ces bénévoles soulagent les conducteurs. L’intervention des personnes ressources pour l’entretien et la réparation des routes est procédurière et met du temps pour la phase pratique. Celle des bénévoles est plutôt spontanée, même si elle ne dure pas.

 Ange ZADI

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ENCADRE 3

La dégradation des voies en 5 causes

  Selon Amon Jean Pierre, ingénieur des Travaux publics, en service au ministère de l’Equipement et de l’Entretien routier, cinq raisons expliquent la dégradation rapide des routes à travers le district autonome d’Abidjan. En premier lieu, la route se dégrade sous l’effet de la pluie, des eaux de ruissellement ou de la densité du trafic lorsque la qualité du bitume marquée par l'épaisseur adéquate font défaut. Cela se constate dès les mois qui suivent le bitumage. Les épaisseurs applicables sont de 5 à 7cm de bitume pour les voies communales, 8 à 15 cm pour les routes nationales et de 18 cm pour les autoroutes. « Le constat est que si la qualité du bitume est bonne l’épaisseur requise ne l’est pas, et vice-versa », relève-t-il.

  En deuxième cause, M. Amon évoque l’urbanisation mal maîtrisée : « Il y a des zones qui en principe ne sont pas propices à l’habitat à cause de la nature humide et argileuse du sol. Par conséquent, avant de poser le bitume, il faut faire des travaux préalables, ce qui n’est pas toujours le cas. Surtout dans les zones marécageuses où l’humidité du sol détruit le bitume ».                                                                                                                                 

   En troisième position, l’ingénieur indexe l’inaction des élus locaux, en raison du coût onéreux du kilomètre de bitume. Enfin, il note aussi les cas d’incivisme des populations, et leurs corollaires d’inconvénients (4ème cause), puis les intempéries de la nature.  

Christian DAGO

et Moise ACHIRO      

 

 

 

 

 

 

 

 

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