2024-05-13 00:19:31
« Au début on se retrouvait chez des parents ou amis pour des réunions de famille. Avec le temps, on s’est donné les moyens d’ouvrir ce maquis », explique M. Guédé. O’Bété emploie une dizaine de personnes, toutes issues de la famille.
« Nous avons décidé d’employer les membres de la famille. Les cousins, neveux (…) C’est pour les aider », fait savoir le premier responsable du maquis. Comme pour soutenir ses propos, Alain, gérant du maquis affirme : « Le propriétaire, c’est mon oncle, le grand frère de ma mère ».
Le lien familial et le contexte de recrutement influencent la question du salaire. Un sujet difficile à aborder par le personnel. « On travaille pour la famille donc on ne peut pas parler de salaire. Ce qui est sûr, on gagne un peu avec les pourboires », confie Alain.
En vérité, le traitement salarial est peu reluisant, tout comme les conditions de travail, même si l’établissement semble rentable. Certains employés cumulent plus de trois (3) années d’ancienneté sans aucun contrat ni déclaration à la Caisse nationale de Prévoyance sociale (CNPS), comme le fait savoir Sabine, nièce du propriétaire et serveuse.
« Les vieux pères gagnent l’argent et nous on travaille comme des fous et on n’est pas bien payé. Il n’y a même pas de contrat, même pas de protection sociale ».
Le travail ? Oui, ces maquis communautaires fonctionnent comme un véritable business qui tourne 24 heures/24 et 7 jours/7. Au maquis O’Baoulé, le propriétaire est un homme d’affaires, adjoint au maire d’une commune dont le nom n’a pas été révélé. Il se fait rare sur les lieux. Son superviseur général assure le relais. Ce maquis qui a une grande popularité est situé au quartier Yopougon-Maroc.
« Nous employons 27 personnes. Chacun occupe un poste bien précis. Il y a un gérant qui fait la comptabilité, un superviseur qui fait la comptabilité aussi ; des caissiers, des plongeurs, des managers, des serveurs, et des agents de sécurité. On a trois techniciens de surface aussi », explique Kouadio Koffi Urbain, le superviseur général.
Entre employeurs et employés, il n’existe aucun document administratif : « Il n’y a pas de contrat », regrette Bolou Bi Kalou Junior, un des caissiers. La raison, c’est d’accorder la liberté à l’employé de s’en aller quand il souhaite.
« Si demain, il a eu mieux ailleurs et qu’il veut partir, il s’en va », précise Kouadio Koffi. Alors, le mode de rémunération s’opère en espèces et par semaine à une somme dérisoire. « Moi, on me paie main à main, 10 000 F par semaine », informe Goué Innocent, plongeur dans le maquis.
John Néné Bi, lui, a bâti son empire tout seul. Il est propriétaire du maquis O’Gouro à Yopougon-Selmer. C’est un opérateur économique qui a investi dans d’autres affaires. « Je fais mes propres affaires, je suis également speaker à Radio Yopougon », précise-t-il.
Il emploie à temps plein six personnes payées par semaine, selon un contrat bien déterminé. Ici, le profil de carrière est nettement clair pour les employés performants : « Lorsque l’employé se comporte bien, il a une titularisation et monte en grade. Ainsi, nous avons embauché deux personnes. Elles sont même déclarées à la CNPS », révèle le promoteur.
Appelés O’Baoulé, O’Bété, O’Gouro, etc., ces établissements aux noms de baptême ethno-communautaires fonctionnent pour la plupart dans l’informel. Presque tous les week-ends, de grosses soirées y sont organisées/ L’affluence que connaissent ces établissements autorisent à penser que c’est une activité rentable, mais l’organisation souffre d’un grand mal.
La clientèle y trouve son compte et semble s’y plaire, comme le confie Jean Claude Abissa : « Ça fait 5 ans que je fréquente tous les week-ends le maquis O’ Baoulé. On y est bien accueilli, bien servi et il y a de l’ambiance ».