Maquis communautaires dans les quartiers résidentiels : La lutte épique des voisins contre les nuisances sonore


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Par Armand MANZAN et Fr&
Mis à jour le 2024-05-13 00:22:17

Alexis Niamba, jeune technicien, vit dans un immeuble au quartier académie Lubafrique dans la commune de Yopougon, depuis 2015. En face de son immeuble se trouve le maquis ‘´O Baoulé´´.


Depuis neuf ans, le jeune homme et ses voisins mènent des actions pour mettre fin aux nuisances sonores qu’occasionne le maquis, sans suite. Et Ange Obaga, élève en classe de 4ème, proteste contre les nuisances sonores : « Cela nous fatigue, et nous empêche d’étudier ». Elle habite également dans l’immeuble.

    Autre quartier, même décor. Franck Sankan, est étudiant en 2ème année de Logistique. Il vit au Koweït, un quartier de Yopougon.  Non loin de son lieu d’habitation se trouve le maquis Awlodan, un autre temple de troubles sonores qui porte préjudice à la santé de sa grand-mère.  « Ma grand-mère est malade et à cause du bruit, elle ne peut pas dormir. Elle se plaint constamment parce qu'elle souffre de maux d'oreille », se plaint le jeune homme. Au quartier Palais de Yopougon, la culture Abbey est en vue dans le maquis baptisé Agneby-Tiassa et qui jouxte le groupe scolaire Merajea.   Cette proximité rend les habitants encore inquiets. Selon Alexandre Mah, sous-directeur, un accord avait été trouvé entre les promoteurs du maquis et les responsables de l’école pour éviter les tensions. « Des bras de fer entre les deux établissements ont suscité l’intervention de la justice.  Suite aux pourparlers, ils se sont accordés sur des principes qu’ils respectent désormais », explique l’autorité de l’Education nationale. Malgré tout, Mireille, habitante du quartier, estime que le maquis est toujours trop bruyant : « Au début, nous les avons interpellés, nous avons tenu une rencontre avec eux parce qu’ils mettaient la musique à fond tous les jours. Ils ont alors baissé la musique, mais quelques fois, ils ne respectent pas ce qui a été arrêté », déplore-t-elle

  Enfin, au maquis O’Bété de Marcory-Sicogi, au Sud d’Abidjan, Angeline Koudou, fonctionnaire à la retraite, assise devant son portail, journal en mains, se plaint des décibels émis à fond, juste à côté de sa maison : « C’est un véritable cauchemar pour nous, les voisins. Je n'aurais jamais imaginé une telle scène dans ce quartier. Au début, le propriétaire a prétendu qu'il s'agissait d'un restaurant calme et classique, car ce quartier est strictement résidentiel. Malheureusement, il s'est ensuite transformé en espace événementiel »

    Selon le décret n° 2016-791 du 12 octobre 2016 portant réglementation des émissions de bruits de voisinage, « les nuisances sonores sont constituées de bruits et de vibrations récurrentes qui portent atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l'homme, dans un lieu public ou privé ». Le Code pénal ivoirien prévoit des contraventions de première classe pour nuisances sonores dans la journée allant de 1 000 à 10 000 francs CFA – et des contraventions de deuxième classe pour les nuisances au cours de la nuit – de 10 000 à 50 000 F CFA. Malgré cette règlementation, les voisins des maquis communautaires continuent de vivre le martyr.                                                                         

 

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Créer et gérer un maquis communautaire, un saut d’obstacles

 

  Au maquis O’Baoulé situé au cœur du quartier ‘’Menuiserie’’ du Plateau-Dokui, tous les clients sont assis en groupes, voire par affinités. Ils interpellent les serveuses en même temps, le désir d’être les premiers servis sur les visages. Tels des élèves dans une salle de classe, chacun lève la main pour signaler sa position. Le maquis O’Baoulé est, de ce point de vue, un succès, en termes de business.

Un endroit où l'on savoure des plats traditionnels en célèbrant la culture locale ; un moteur économique créateur d'emplois, comme tous les autres espaces du même type. Mais que de difficultés au départ !

     Clara S., 45 ans, restauratrice, révèle : « Au début, il y avait beaucoup de doutes et de défis. Trouver le bon emplacement, obtenir les autorisations nécessaires, rassembler les fonds pour démarrer, tout cela a demandé une énorme dose de détermination et de persévérance ».

Malgré les obstacles, Clara S. a réussi : « La cuisine est ma passion depuis toujours. Le maquis va bien au-delà de la simple restauration. C'est un lieu de rassemblement. Je vois O’Baoulé comme une extension de ma maison où chacun est le bienvenu pour partager un repas et des moments de convivialité », explique-t-elle.

    Koné Seydou, la quarantaine, agent de la mairie d’Abobo, donne son avis : « En tant qu'agent municipal, je vois l'importance de ces maquis dans la réduction du chômage et dans la création d'une dynamique économique locale ».

Alors, M. Koné affirme que les autorités municipales travaillent en partenariat avec les propriétaires de ces maquis pour soutenir leur contribution à l'économie locale.  Après la pluie, le beau temps. Dit l’adage.

 Monique TANOH

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