Les Maquis communautaires à Abidjan : Pèlerinage aux sources et à l´ambiance festive


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Par Déborah GORE
Mis à jour le 2024-05-13 00:23:16

De petites tables de couleur verte disposées en plein air, chacune au centre de cinq (5) chaises en plastique de couleur similaire sur lesquelles sont assises de joyeuses personnes, Plusieurs bouteilles de bières sont étalées sur ces tables, d´autres jalonnent le sol. Du son et de la danse. Il est 18h en ce dimanche d´avril 2024, l´ambiance dans le maquis O´Guéré est bon enfant.


Josué Doh se retrouve avec ses proches, tous vêtus en tenues guérées, pour faire la fête dans ce maquis de la commune populaire de Yopougon, à la Place CP1 : « Je viens de faire le côcôcô (présentation officielle) de ma chérie chez mes beaux-parents. Et nous nous sommes réunis ici pour faire la fête », fait-il savoir.

Pour le nouveau prétendant déclaré, ce cadre du maquis O’Guéré est assez symbolique parce qu’il s’y sent comme transporté au village autour des mets et de la sonorité.

   Lui et sa famille sont des habitués de ce maquis : « Dès que nous arrivons ici, nous nous sentons au village. La musique guérée, la nourriture de chez nous, le kpléba avec des grenouilles, ici chez vraiment comme au village », ajoute-t-il. Armel, son frère cadet, emporté par les rythmes traditionnels, lâche avec joie : « on a quitté Bingerville pour venir ici ».

En esquissant des pas de danse guérée, un verre de bière à moitié plein en main, Séraphin, un des membres de la famille ajoute, l’air enivré : « Chaque dimanche nous sommes ici ». A côté d’eux, d’autres personnes âgées de 30 à 40 ans, assises dans des fauteuils rouges, sirotent de la boisson, en marmonnant en « langue guéré », précise l’un d’eux.

Ils viennent au maquis O’Guéré tous les dimanches pour leur réunion de famille. « Nous sommes une association et pour nos réunions, nous avons choisi le temple wê. On vient ici trois week-ends sur quatre », confie Jean Claude. A en croire Alain Zio, gérant du maquis, « la plupart du temps, ce sont les Guérés qui viennent ici. Les autres ethnies, on en voit pas », a-t-il précisé.

    Il n’est que 19h, mais à Yopougon, le maquis O’Baoulé est noir de monde. Un DJ chaud, une playlist variée et l’ambiance est électrique. Situé en bordure de route à Yopougon Maroc, ce maquis a construit sa renommée dans l’organisation des soirées festives dans la pure tradition baoulé.

Cependant, l’espace accueille des personnes issues de différentes ethnies. C’est le superviseur général du maquis, Kouadio Koffi Emmanuel, qui le fait savoir : « Les Bété, les Gouro, les Akyé, tout le monde vient se récréer ici ».

La preuve en est donnée par Clémence, une cliente : « Les gens pensent que O’Baoulé, c’est pour les Baoulés seulement. Moi je suis bété et je suis ici. J’aime le cadre et j’y viens m’amuser avec des amis », explique-t-elle.

   Cependant, O’Baoulé, c’est la marque baoulée qui domine. Ce soir, plusieurs chansonniers baoulés ou artistes en herbe défilent sur la scène et le maquis bouillonne. Chacun esquisse des pas de danse sur la piste de danse sublimée de lumières multicolores, ou à sa place initiale. Olivier est seul avec à sa table.

Ce jeune baoulé déguste du foutou à la sauce gouagouassou avec de la viande de brousse, sa bouteille de Valpierre, un vin prisé en pays baoulé. En mangeant, il ne cesse de remuer la tête au rythme de la musique.

Il dit aimer la solitude : « Moi, je viens ici seul sans compagnie. J’aime bien déguster la musique et observer les gens », raconte-t-il. A côté de lui, Martine est seule, mais c’est une solitude d’un court instant puisqu’elle attend ses amis. « J’ai commencé à boire une bière parce que j’attends mes amis. C’est le week-end et on va s’amuser à fond ici », lance-t-elle.

   Autre lieu, même ambiance. Au maquis O’Gouro de Yopougon-Selmer, le masque Zaouli peint en grand sur le mur vous accueille à l’entrée comme pour vous dire « bienvenu en pays Gouro ! ». La sonorité du terroir et la langue parlée règnent à l’intérieur.

« Kayo kayo », lance Irié Bi, 50 ans, lançant ses salutations en franchissant le seuil du maquis. Il y trouve Zamblé Lou et son association rassemblée : « Nous tenons une réunion de famille, c’est pourquoi nous sommes ici », indique-t-elle. 

   Quelques soient leurs lieux d’implantation, les maquis communautaires attirent du monde pour des raisons diverses. Cela explique en partie leur succès et leurs taux de fréquentation élevés.

                                                                                                                        

                                                                            

 

 

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