Les intermèdes sont assurés par les anciens tels que N'Guess Bon Sens, Sidonie La Tigresse, Norbert Kolouba, Confiance Loukou Kouadio, Maurisson, Amani Johnny, Bellanika et Konan Ebongué.

  C’est dans ce lieu que Kodjo Félicien, la trentaine révolue et enseignant d’Histoire-géographie dans un collège de la place, vêtu d’un tee-shirt blanc, d’une culotte de couleur noire et portant des sandales, a pris ses quartiers avec ses trois amis depuis le matin. « Je viens au O’Baoulé-éyalo avec mes amis et mes frères de temps en temps pour passer de bons moments », fait savoir M. Kodjo, avant de préciser : « Et nous mangeons le bon foutou-igname à la sauce ‘’gouagouassou’’ garnie de viande de brousse ». Tout cela autour de quelques bouteilles de vin.

 Mme Ahou Nadège, tenancière de boutique de vêtements pour dames et sa sœur Adjo Florentine, institutrice, toutes deux résidentes du secteur et habituées de ce maquis, sont là. « Franchement, je ne me fatigue plus avec les maquis des jeunes-là », indique Ahou Nadège, avec un grand sourire.     
   Comme Kodjo et Nagège, ils sont nombreux les ressortissants du Centre du pays et les amoureux de la musique tradi-moderne à se rendre dans cet espace les week-ends et jours fériés, entre amis ou en famille.

Pierre Stéphane Kouamé alias Gbézé, gérant du O’Baoulé-éyalo, précise que la musique du terroir baoulé constitue 90° de sa programmation et que la particularité de son maquis est que le disc-joker, Landri Kouassi dit DJ Kouass, anime les soirées spéciales en baoulé pour le bonheur des invités des cérémonies de baptêmes, de dots et de mariages organisées en ce lieu.

Gbézé se souvient qu’à l’inauguration de sa buvette, le 10 août 2023, il a sollicité deux chanteurs baoulés. Ainsi, depuis cette date, de nombreux artistes et promoteurs de spectacles originaires du Centre de la Côte d’Ivoire ne cessent de fréquenter les lieux, « au point qu’aujourd’hui, c’est un endroit incontournable de la culture baoulée dans la capitale économique ivoirienne », explique Gbézé.

Dans la même commune de Koumassi, un autre maquis baoulé dénommé N’Gouakro, situé au sous-quartier Inch’Allah, draine aussi assez de monde. Depuis sa création en 2002, ce maquis s’est spécialisé dans l’organisation de la fête de Paquinou (fête pascale en baoulé).
    Promoteur de spectacles dans les maquis communautaires depuis bientôt 17 ans, Patrick Miézan révèle que les Baoulés ne constituent pas le seul groupe ethnique à solliciter les maquis O Baoulé pour des activités.

La journée de l’alliance inter-ethnique entre les Brons, Agnis et Koulango résidant à Koumassi a été lancée au maquis-baoulé de Koumassi Prodomo, en présence de la chefferie. « Donc, je pense que les espaces baoulés contribuent à la promotion de la culture ivoirienne et même au-delà, à la cohésion sociale et à la réconciliation », affirme Miézan.

 Les maquis communautaires ne sont pas un phénomène récent et circonscrit aux peuples du Centre de la Côte d’Ivoire. Le phénomène a commencé avec maquis dédiés aux musiques Bété, Gouro, Attié, etc. Des maquis et bars en ont porté des noms célèbres :  Mont Zatro’’, Bar Eclat, Le Baron Bar de Yopougon ou même le maquis Olympia d’Abobo.

Ces espaces ont été pendant des décennies des lieux de concert de nombreux artistes tradi-modernes aux cartes de visite impressionnantes : Luckson Padaud, Feu Gnahoré Djimmy, Nahounou Paulin, Bi Pomi Junior, T-P audiorama, le Pézito-orchestra, Ahiwo-orchestra, etc.