2024-05-13 00:23:53
Professeur, quelle explication sociologique pouvez-vous donner au phénomène des maquis communautaires à Abidjan ?
Tout être humain est caractérisé par une identité culturelle. Et parlant d’Abidjan, la ville est le lieu où les Ivoiriens, et même ceux qui viennent d’ailleurs, souhaitent y être pour capter les opportunités et se réaliser. Mais en y arrivant, ils viennent avec leur culture. Comme on voyage avec sa culture, il faut trouver des espaces d’expression de sa culture. Et les maquis tribaux constituent un espace qui permet d’exprimer son identité culturelle.
Parce que la ville épouse deux autres identités en une seule : l’identité urbaine qui, surtout pour la ville d’Abidjan, est calquée sur le modèle occidental. Et donc l’expression de l’identité culturelle occidentale étouffe les identités nationales. Ainsi les maquis tribaux sont des lieux où on conteste ce qu’on n’est pas mais qu’on consomme parce qu’on est à la ville.
Il y a deux (2) éléments fondamentaux qui donnent vie à ces espaces tribaux. Il y a l’art culinaire et la production musicale culturelle. L’identité se retrouve d’un point de vue culturel, dans les assiettes. Donc quand on se soustrait de son lieu d’habitation, on va à la recherche des espaces où on trouve son identité. En allant dans ces maquis, on veut rencontrer ce qu’on est et ce qu’on est, on le retrouve dans l’assiette.
Le plat de chez nous. Le « nous » ici, est un « nous » collectif qui fait référence à sa culture. Au moment où on consomme les plats, la musique qui fredonne, celle qui met à l’aise, c’est celle qui rappelle son identité et son origine.