Léopold Bodo (Patronat des Entreprises) : « J´invite l´Etat à des contrôles et les entreprises à s´activer ! »


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Par Interview r&eacut
Mis à jour le 2024-02-09 15:59:22

éopold Bodo est Secrétaire permanent de la Commission indépendante permanente de Concertation et Secrétaire permanent de la Commission Emploi et Relation sociale de la Confédération générale des Entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI).


Le patron des entreprises du privé retrace dans cette interview l’histoire de la revalorisation du Smig en Côte d’Ivoire et l’applicabilité de la dernière revalorisation sur la vie des employés.

 

  • Monsieur Bodo, l’État a décrété l’augmentation du Smig en Côte d’Ivoire. Vous, acteur du privé, que pensez-vous de cette revalorisation de 60 000 à 75 000 FCFA ?

L’augmentation du Smig est une bonne chose. Les conditions salariales de nos employés seront améliorées. Nous espérons que cela va leur permettre d’améliorer leur mieux être. Et pour nous, un salarié satisfait du point de vue du salaire est un facteur de production.

 

  • Pouvez-vous nous faire l’historique de l’évolution du Smig en Côte d’Ivoire ?

De 1992 à 1998, la revalorisation des salaires incombait uniquement au chef de l’État. Il le faisait quand il le souhaitait. Et dans cette optique, il pouvait dire au privé : « Payez telle somme ! ». En 1995 lorsque Marcel Zadi Kessy était président du patronat, il a souhaité la mise en place d’un organe dont je suis actuellement le Secrétaire permanent. C’est à partir de cette année-là que le privé a pris le lead pour les discussions et la détermination du Smig ainsi que du Smag pour le monde agricole. En 1998, nous avons connu une révolution du Smig et mis en place un barème. De 1998 à 2015, le Smig était de 36 607. En 2015, nous avons fait passer ce montant à 60 000 FCFA. Nous venons à nouveau de le faire passer à 75 000 FCFA.

 

  • Le Smig est-il appliqué dans toutes les entreprises en Côte d’Ivoire ?

Il faut être honnête : Ce n’est pas dans toutes les entreprises que cela est appliqué. Nous avons des réalités économiques qui sont telles que les très petites entreprises et les petites et moyennes entreprises ne peuvent pas toutes suivre ce rythme. Donc, malheureusement, il y a des entreprises qui n’appliquent pas. Et pour moi, ils sont hors la loi, et l’Etat devait jouer son rôle de contrôle. J’invite donc l’Etat à procéder à des contrôles au sein des entreprises et nous demandons aussi à toutes les entreprises qui traînent encore les pas à s’activer.

 

  • Dans la même veine de l’augmentation du Smig, les salaires catégoriels dans les différents secteurs d’activités ont été revus à la hausse, on parle d’une augmentation allant de 9 à 18%. Le confirmez-vous ?

Les salaires vont être revus à la hausse, mais ce n’est pas encore le cas. Les politiciens ont communiqué très rapidement sur les résultats de nos travaux. Pour que cela devienne exécutoire, il faut un arrêté d’extension du ministre de l’Emploi et de la Protection sociale. Et bien avant, il faut que la Commission consultative du Travail donne son avis favorable. Nous avons donné cet avis le mercredi 17 mai 2023. Nous avons signé les procès-verbaux, et le ministre va certainement faire signer l’arrêté d’extension. C’est à cet instant que les 9 à 18% deviennent obligatoires sur toute l’étendue du territoire national. Mais pour le moment, il n’y a pas de texte.

 

  • Concernant le Smig et la revalorisation par secteur d’activité, certaines sociétés, notamment de gardiennage, semblent ne pas aller dans le sens de l’augmentation. Comment gérer-vous cela ?

A notre niveau, nous procédons par des sensibilisations. Lorsque nous sommes saisis de ce que l’un de nos membres ne respecte pas la loi, ne respecte pas les textes, nous convoquons ce membre et nous le sensibilisons. Lorsque cette entité est sensibilisée deux à trois fois et qu’elle ne respecte pas les règles, nous pouvons aller jusqu’à l’exclure. Mais nous ne sommes pas encore à cette mesure car tous respectent la loi. La Société nationale des Sociétés privées de Gardiennage n’est pas en état de sainteté avec les autres sociétés qui, malheureusement, ne sont pas chez nous, et paient mal leurs employés. Avec cette fédération, nous sommes en train d’emmener tout le monde à s’aligner.

 

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