2024-01-21 22:14:03
Dans le district d’Abidjan, certaines sociétés modernes comme Yango, Uber et Heetch se disputent la plus grosse part du succès. Notre intrusion dans le milieu nous a permis de percer quelques aspects de leurs secrets. Enquête.
Tout se déroule à Abidjan. La capitale économique de la Côte d’Ivoire est inondée de véhicules en ce mardi d’avril 2023. Le soleil semble engagé dans une course contre la montre. Aux environs de 10h, au Carrefour Chevaux de la Rivera 2, un quartier de Cocody, un vent glacial souffle. Une dame vient de descendre d’un véhicule personnel, un “Yango“. « J’ai un rendez-vous tout à l’heure, et pour ne pas être en retard, j’ai préféré commander rapidement un Yango », explique-t-elle, soulagée. Mme Yao, c’est son nom, comme plusieurs autres personnes, a un accès facile à cette application de commande de véhicule pour ses courses.
De l’autre côté de la voie, Monsieur Kouamé, gérant de cabine, connait le processus d’utilisation de ces applications, en particulier Yango : « C’est très facile, il suffit d’avoir un téléphone Android ou iphone et une bonne connexion internet. Ensuite tu vas sur Playstore ou App Store pour saisir Yango, Heetch ou Uber. L’installation des 3 applications, c’est pareil. Donc une fois l’application installée, tu ouvres et tu réponds aux questions, c’est-à-dire ton pays, ton nom, ton numéro de téléphone et puis tu valides avec le code qu’ils vont t’envoyer, et c’est fini », explique le jeune homme avant de conseiller comment commander un véhicule, peu importe sa localisation. « Il suffit que tu aies des unités pour discuter avec le chauffeur afin de connaitre sa position réelle par rapport à la tienne. Donc, une fois que tu veux te déplacer, tu t’assures d’avoir ton téléphone Android ou Iphone, surtout avec de la connexion et des unités ».
Apparemment, les choses ne sont pas toujours roses comme le prétend le gérant de cabine. Car, on entend à proximité une discussion entre deux amis qui se plaignent du prix du “Yango“. Selon eux, le tarif varie en fonction de l’heure et du trafic : « On devait aller manger à Blockhauss. Lorsqu’on a commandé un Yango, on s’est aperçu que c’était trop cher par rapport aux Warren. On a donc préféré prendre du Garba au deuxième carrefour », expliquent-ils, l’air découragé. Ils n’ont sûrement pas tort. Nous avons vérifié par nous-mêmes cet état de fait. Sur le chemin du retour nous avons opéré une comparaison de prix entre les véhicules du trio Uber, Yango et Heetch sur la même destination déclarée : A 14h30, du Campus de l’Université Félix Houphouët-Boigny à Yopougon Pharmacie Siporex, le tarif sur Yango est de 3 400 FCFA. Chez Heetch et Uber, les tarifs sont respectivement de 3 200 et 2 900 FCFA.
Ces véhicules à l’utilité controversée sont appelés les VTC. Au sens littéral, VTC signifie Voiture de Transport avec Chauffeur. Contrairement aux véhicules de transport en commun tels que les taxis-compteurs, bus, ‘’warren’’ ou les ‘’gbaka", les VTC ne fonctionnent que sur réservation du client à travers une application via internet ou par appel direct du chauffeur privé disponible. Ces applications mobiles de transport paraissent récentes avec les sociétés les plus utilisées dans le domaine, à savoir Yango, Uber et Heetch. Pourtant, bien avant l’arrivée de ces trois applications mobiles de transport dites populaires, d’autres noms existaient : Drive, d’Izicab né en janvier 2015, suivi d’Africab, Taxijet et autres qui n’ont pas su conquérir le cœur des utilisateurs.
Officiellement, le lancement à Abidjan de ces trois applications VTC s’est effectué à des dates précises : Yango le 4 octobre 2018 (source Abidjan.net), Uber le 05 décembre 2019 (Uber.com et Jeune Afrique) et Heetch le 30 mai 2022 (Strat’Marques.com). Dans une interview réalisée par Jérémie, manager à AVA (Actualités et Ventes automobiles), Eloye Dakouré, gestionnaire de flottes chargé du suivi de tous les véhicules VTC sur le terrain ainsi que de la Formation des chauffeurs privés, définit le VTC comme étant un véhicule de Transport avec un chauffeur privé, généralement des véhicules personnels. Selon lui, ce qui différencie le VTC du taxi classique, c’est la sécurité (traçabilité), le confort et le professionnalisme. « Des personnes passent le plus souvent par le standard, c’est-à-dire qu’elles appellent le chauffeur VTC sans passer par l’application, mais c’est plus avantageux de passer par l’application phare puisque le GPS y est intégré », précise-t-il.
Sur les raisons de la montée de leur popularité, de nombreux utilisateurs affirment que les VTC répondent à plusieurs soucis pour leurs courses : « Je suis en retard, comment faire ? » ; « Tous les taxi-compteurs sont pris, que faire ?» ; « J’ignore comment arriver à l’endroit indiqué et c’est fou de prendre des renseignements sur un endroit méconnu de la majorité » ; « Comment éviter les agressions dans les taxis en commun ? » ; « Comment trouver du confort dans un taxi différent des autres ? » ; « Comment éviter les mauvais conducteurs ? », etc. Autant de préoccupations qui fondent le succès de ces nouveaux types de transport dans le District d’Abidjan où près de sept millions d’habitants se bousculent chaque jour à la recherche de moyen de transport.