2024-01-21 22:13:11
« Je mendie parce que je suis pauvre et handicapée. Je ne peux pas nourrir et scolariser mes enfants. J’ai été rejetée par ma belle-famille après la mort de mon époux. Depuis lors, je n’ai personne pour s’occuper de nous. Même si je ne gagne pas à manger, mes enfants doivent manger ».
Adjata Touré se dit aussi malade et contrainte à la mendicité pour survivre : « Pour des raisons de santé, je ne peux pas travailler. Je suis donc obligée de mendier sinon mes enfants et moi n'aurons pas de quoi survivre », explique-t-elle, les yeux larmoyants.
Comme Adjata Touré, le jeune Ismo Soumahoro est aussi touchée par la pauvreté. Agé seulement de 8 ans, la tête couverte de teigne, les habits délabrés, Ismo parcourt des kilomètres à pieds nus, chaque jour, pour collecter des pièces d’argent dans les rues de la commune d’Adjamé, un quartier populaire d’Abidjan. « Tanti donne-moi 100 francs », lance-t-il, sous nos yeux, à une passante qui lui a finalement offert des chaussures neuves, en lieu et place des jetons sollicités.
Selon Ismo Soumahoro, l’argent qu’il gagne en mendiant sert à aider sa maman : « Chez nous à la maison, nous ne mangeons pas tous les jours. Des fois, nous dormons avec le ventre vide. Donc, l’argent que je gagne dans la rue, je le donne à ma mère pour qu’elle nous fasse à manger, mes petits frères et moi ».
A quelques encablures de là, est assis un vieillard sous un soleil de plomb. La soixantaine révolue, il dit être venu en Côte d’Ivoire pour mendier. Originaire du Burkina Faso, il compte retourner chez lui : « Je cherche un peu de moyens, je veux retourner dans mon pays, ma femme et moi », explique-t-il, le regard perdu.
Si la pauvreté est l’une des raisons de la mendicité pour les uns, pour les autres, la situation de handicap physique est la cause fondamentale de leur mendicité. C’est le cas d’Hamed Camara, 43 ans, se disant obligé de quémander pour survivre à cause de son extrême handicap. Hamed est bossu et paralysé des membres inférieurs.
Il vit dans la commune de Port-Bouët et mendie à Adjamé. Pour se déplacer, il traîne ses fesses au sol. Avec son petit poste de radio accroché au cou, il joue la musique pour se donner de la contenance. Quant à Fabrice Tokpa, un autre mendiant d’Adjamé atteint de poliomyélite et de cataracte, il se déplace en chaise roulante : « Je vivais avec ma famille, mais après, j’ai dû quitter la maison familiale suite à des problèmes. Actuellement, rejeté par la société, je vis seul et je mendie pour arriver à payer mon repas », souligne Fabrice, visiblement en colère.
A Abidjan, les mendiants opèrent dans plusieurs quartiers. Des Organisations non gouvernementales (ONG) comme la Coordination des Associations de Personnes handicapées de Côte d’Ivoire s’occupent de leur insertion professionnelle.