2024-01-21 22:11:21
Le dicton dit que « l'ouvrier mérite son salaire ». M. Dembelé le justifie par la rémunération du traducteur. « Pour la traduction, nous ne parlons pas de salaire mais de tarif par page. C'est lorsqu'une entreprise veut embaucher ou recruter un traducteur ou un interprète qu'on peut parler de salaire ». La rémunération par page dépend de la traduction demandée par le client. Du français à l'anglais, le coût sera de 10.000 FCFA la page pour la traduction simple et de 18.000 FCFA la page, pour la traduction certifiée ; De l'anglais vers le français, le coût est de 8.000 FCFA la page pour la traduction simple et de 15.000 FCFA, la page, pour la traduction certifiée.
M. Kouamé, appelé par ses élèves "Señor Kouamé", professeur d'espagnol de lycée, est du milieu : « Être professeur d'espagnol m'est venu de 5 personnes. Je ne voulais pas le faire comme mon métier en son temps, vu le traitement salarial qui ne correspondait aucunement à mes besoins familiaux. J'ai dû opter pour la craie quand obtenir un premier emploi a commencé à devenir difficile. J'ai donc présenté le concours d'entrée à l'École normale supérieure (ENS) et 2 ans après j'étais professeur d'Espagnol ». Après le bac, M. Kouamé explique qu’il faut opter pour le Département d'espagnol à l'université pour y faire une licence ou une maîtrise en Espagnol, selon qu'on souhaite intervenir au collège ou au lycée. « La langue, je la pratiquais déjà au lycée, c'était comme si j'avais des prédispositions naturelles à parler l'espagnol. J'ai dû me perfectionner avec les écoutes et les films », déclare le professeur d’espagnol.
La marge salariale pour un professeur d'espagnol ivoirien diffère du privé au public. Le privé rémunère au noir et le salaire dépend du volume de la vacation et du coût du taux horaire. Les établissements privés du système scolaire ivoirien évaluent l'heure à 500 , 1 000, 1 500 et même jusqu’à 5000 FCFA pour les plus huppés. Dans le système français par contre, les heures oscillent entre 10 000 et 15 000 FCFA, avec des piques atteignant souvent 20 000 FCFA l'heure. Les lycées américains paient souvent jusqu'à 25 000 FCFA l'heure. Le professeur d'Espagnol de lycée public ivoirien, quant à lui, a un salaire qui tourne autour de 350 000 FCFA par mois, y compris l'indemnité de résidence (50 000 FCFA). « Ce salaire est une vraie misère quand on considère le coût de la vie aujourd'hui», confie M. Kouamé.
Julia Manlachy Niamkey, réceptionniste depuis 2 ans dans un hôtel 5 étoiles à Abidjan, explique que son amour pour les langues étrangères lui est venu de ses parents eux-mêmes bilingues. “Dès notre bas âge, Papa nous parlait anglaise”, dit-elle. Cependant, elle a dû suivre une formation à l’étranger : « J'ai effectué un séjour de deux années au Ghana pour des cours d'apprentissage en anglais qui ont coûté environ 1 million de nos francs, y compris l'hébergement. J'ai aussi appris le mandarin pendant 1 an et demi en Chine et ça a coûté environ 6 millions de FCFA. » Ici, le salaire varie entre 150 000 et 400 000 FCFA en fonction des hôtels. “Le salaire n'est pas lié au nombre d'étoiles de l'hôtel, il y a des hôtels sans étoile qui paient mieux que ceux avec des étoiles », révèle Julia qui rêvait plutôt d'être hôtesse de l'air.
Olivier Dago, Contrôleur au Poste de Coordination des Aérogares à AERIA, a effectué une formation en Inde consacrée à 45% à son métier (le marketing, les relations B2B et B2C) et à 55% à l’aviation. Muni de ses diplômes, un BBM “Bachelor Business Management” puis MBA (Master of business Administration) en AVSEC (Aviation Security), de Secourisme, d'incendie, de pacification et Gestion des Ressources Aéroportuaires, etc., il affirme qu’il est difficle de chiffrer le coût des formations, du reste prises en charge par l'entreprise. Mais pour le salaire, le polyglotte est reservé : « Ce sont des données confidentielles. Je suis tenu par les clauses de mon contrat de ne rien révéler au sujet de mon salaire ». Parler plusieurs langues étrangères ouvrent la voie à la fois à beaucoup d’opportunités, mais aussi à une certaine aisance sociale.
Rachelle SEKONGO