2024-01-21 22:09:54
Elle se manifeste principalement par un langage agressif, des paroles blessantes visant à humilier et à rabaisser l’apprenant. Mais ce n’est pas tout. Les enseignants pratiquent aussi une autre forme de violence, le harcèlement sexuel, surtout sur la gente féminine. La NST (Note sexuellement transmissible) qui est un phénomène récurrent dénoncé de nos jours dans les établissements scolaires et universitaires. Il s’agit des moyennes complaisamment octroyées par des enseignants aux apprenants en contrepartie d’une relation sexuelle. « Au lycée, un professeur a commencé à me faire des avances. J’ai refusé et résisté. Alors, pour me punir, il m’a mis un zéro à mon premier devoir », se souvient Fatimah (nom d’emprunt). « Si une fille a un petit ami étudiant dans la même classe, ce petit ami va subir les foudres de l’enseignants et aura des zéros lui-même jusqu’à amener la fille à céder » témoigne un groupe d’étudiants à l’Université FHB. Enfin, les médias ont largement relayé l’information d’une élève aveugle de CE1 à l’Institut des Aveugles de Yopougon violée par son instituteur.
Dans le système éducatif, la violence verbale et les injures existent aussi entre élèves. Mais elles sont doublées par les actes les plus visibles et décriés ; mouvements de grèves avec ou sans la participation délinquants, casses et vandalisme caractérisés. Les élèves s’en prennent souvent aux édifices publics, aux bâtiments de l’école, aux cabines téléphoniques et, hélas, aux matériels pédagogiques ! « Au lycée moderne de Koumassi, des élèves se sont affrontés entre eux, allant jusqu’à détruire les matériels du lycée et faire plusieurs blessées, mais l’un d’entre eux a même perdu l’usage d’une jambe », témoigne un éducateur. L’apparition d’armes blanches (couteaux, coupe-coupe etc.) comme moyens utilisés dans nos établissements témoigne de l’ampleur de ces affrontements violents entre apprenants. A un niveau plus bas, les vols et le racket sont pratiqués dans les écoles primaires, œuvre de bandes d’élèves qui s’y adonnent. Et quiconque ne s’y plient pas à leur volonté est souvent battu. Ces violences sont même couplées souvent à du viol est également observé dans nos universités : une étudiante a été victime d’un viol collectif de la part de ses camarades.
La principale organisation syndicale en milieux scolaire et universitaire, la FESCI, est dénoncée dans le milieu pour ses méthodes qui s’apparentant aux méthodes de la Mafia : extorsions et racket sur les commerçants qui travaillent dans les complexes universitaires et scolaires. Cette violence-ci est structurée par le syndicat et les victimes, de nombreux étudiants, sont plus préoccupées par leur sécurité que par leurs études à l’université. Par exemple, un étudiant qui a uriné dans les broussailles, à une vingtaine de mètres de l’amphi de la faculté de droit de l’Université FHB de Cocody a été pris à partie par un groupe d’étudiants se réclamant syndicalistes. Après lui avoir signifié l’interdiction d’uriner, les « syndicalistes » lui ont exigé une amande de 2 000 FCFA. N’ayant pas la somme demandée, sa carte d’étudiant, sa carte de bus et son téléphone portable lui ont été arrachés.
Les violences en milieu scolaire et estudiantin ont connu une évolution rapide en Côte d’Ivoire depuis l’avènement du multipartisme en 1990. Bien que le contenu de la formation n’ait pas changé, les rapports entre acteurs de l’école se sont considérablement dégradés. Elèves et étudiants, enseignants et syndicalistes, acteurs de la communauté éducative, se doivent de réagir.
Mariam TOURE
Baldé KADYDJA