
2025-03-30 14:33:39
Sous le soleil implacable de Treichville, à deux pas de la grande mosquée de l’avenue 8, un conteneur rouge vif trône sur le trottoir de la rue 21. C’est la nouvelle boutique de vêtements de Moussa Koné, alias Djamana. Le commerçant occupait, autrefois, un espace en bois qui altérait ses conditions de travail. « Avant, je vendais au grand marché, sur une simple table en bois. La pluie et la poussière rendaient mon travail pénible. Maintenant, j’ai un espace sécurisé. Je peux ranger mes affaires et fermer sans crainte d’être cambriolé », raconte-t-il en tapotant la paroi métallique de son magasin.
Djamana a déboursé 700 000 francs CFA, il y a un an, pour acheter ce conteneur d’occasion. Un soudeur du quartier y a créé une large ouverture pour en faire la façade de la boutique. Les portes métalliques grandement ouvertes laissent entrevoir des rangées de vêtements soigneusement suspendus. À l’intérieur, sont installées des étagères en bois, un comptoir et un petit éclairage pour les soirs de marché. Contrairement à son ancien cadre plus restreint, ce nouvel espace qu’il considère comme « une vraie boutique » est plus spacieuse et avantageuse, sans les soucis de loyer.
Autre quartier, décor similaire. Mariam Kouadio réside à « Soweto », à Koumassi. Elle ne subit plus les caprices des locataires depuis qu’elle dispose de son salon de coiffure conçu avec un conteneur. Mariam a longtemps erré en raison « de loyers trop élevés », avant de trouver de se fixer dans son conteneur. Prix d’acquisition, « 800 000 francs CFA. Ensuite, j’y ai aménagé grâce à l’aide d’un menuisier du quartier », explique-t-elle. Avec une façade peinte en rose et noir, l’entrée de ce salon en métal est meublée d’un panneau lumineux indiquant le nom du local. À l’intérieur, en plus des recouverts de miroirs, des fauteuils et une étagère garnie de produits coiffants noirs occupent l’espace exigu. Mariam Kouadio se dit satisfaite : « J’ai mon propre salon, et je ne dépends de personne », lche-t-elle en peignant les cheveux d’une cliente.
Quelques rues plus loin, le bruit des marteaux et des engins de chantier résonne. Entre les échafaudages et les tas de gravats, des alignements de conteneurs bleus et gris attirent l’attention. Talat, chef de chantier chez NGE CONTRATIL, nous accueille dans le local. À l’intérieur, un bureau en bois, une armoire métallique et des plans soigneusement accrochés aux murs. « Ici, on travaille au calme, loin de la poussière du chantier », explique M. Talat en consultant un dossier. Son chantier ne se limite pas à un simple bureau. À l’en croire, les conteneurs sont aussi utilisés pour le stockage des outils, les vestiaires des ouvriers, les ateliers de mécanique. « On a même un conteneur dédié à l’équipement de protection individuelle. C’est rapide à installer et solide, ça nous facilite la vie », déclare l’homme.
Quand ils ne sont pas utilisés pour des activités professionnelles, les conteneurs servent dans certains cas de lieu d’habitation. C’est le cas chez Awa Touré, qui habite un grand conteneur bleu, posé sur terrain familial à Koumassi Campement. À l’intérieur, tout a été pensé pour maximiser l’espace : petit salon avec un canapé et une table basse ; cuisine aménagée dans un coin, chambre séparée par une cloison en bois. « J’ai ajouté des fenêtres pour la lumière, et un faux plafond pour améliorer l’isolation. Finalement, c’est comme une vraie maison, mais en plus original », s’en réjouit-elle avant d’évoquer le souvenir de ses débuts : « Quand j’ai annoncé à mes proches que je voulais vivre dans un conteneur, ils m’ont prise pour une folle », rappelle Awa Touré en riant.
À Abidjan, l’utilisation des conteneurs ne se limite pas aux commerces et aux chantiers. Certains entrepreneurs les transforment en restaurants, en bureaux de start-ups ou en entrepôts pour stocker leurs marchandises. Leur prix, leur modularité et leur rapidité d’installation en font une alternative de plus en plus prisée.