2025-03-30 14:34:03
A Akouédo, un quartier situé dans la commune de Cocody, le décor est ahurissant. Ici, les conteneurs jonchent toutes les rues. Il y en a de toutes les couleurs : vert, rouge, bleu ou noir. Ils sont déposés partout près des maisons, des stations-services, au bord des routes ou des caniveaux. Personne se sait ce qu’ils contiennent mais tout le monde affirme ici qu’ils contribuent à la pollution de l’atmosphère dans le village. « J'ai l'impression de vivre dans une décharge. L'odeur est insoutenable, et les moustiques sont partout Mes enfants sont régulièrement malades à cause de ces conteneurs », déplore dame Marie Kouassi, habitante en colère. Jeannette Bomou, inquiète, ménagère, abonde dans le même sens : « Regardez, il y a deux conteneurs devant ma maison. Se frayer un passage et entrer chez moi, c'est un problème. Quand il pleut, il y a beaucoup de moustiques » fait elle remarqué en calmant son bébé en pleure au dos. Selon les habitants, la présence de rouille et de poussière sur certain conteneur révèle un manque d’entretien qui contribue à la pollution de l’air et l’eau. « Ces conteneurs que vous voyez ne sont plus utilisés. Ils sont rouillés et contiennent de la poussière. Le drame est que les enfants du quartier joue dedans sans tenir compte des risques de blessures », se plaints Jean Aka, vendeurs de ticket de loterie.
Toujours à Akouédo, d’autres conteneurs servent de magasins de stockage et de commercialisation de produits tels que le gaz et le ciment. Ces activités soulèvent des inquiétudes chez les habitants. « Depuis près de deux années, mon voisin est ce conteneur où on vend le gaz. Avec la chaleur et l’odeur ocre du ciment qui s’en dégage, je crains pour un risque d’explosion est élevée », s’inquiète Bintou Traoré vendeuse de poissons angoissée. Comme elle Christ Emmanuel N’Goran, étudiant en Agronomie, exprime sa peur : « À tout moment Akouédo peut prendre feu. Ces conteneurs sont posés n’importe où, sans aucune protection. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard ».
Autre quartier, même atmosphère. Au Nord-est d’Abidjan. Entre embouteillages, coups de klaxons des véhicules, foules en action sous le chaud soleil de 13h GMT locales, vivent les populations d’Azito dans un tohubohu indescriptible. Dans ce village Ebrié de la commune de Yopugon, des commerçants sont installés dans des conteneurs. C’est le cas de Chaka Ouattara. « Je suis le premier commerçant installé dans un conteneur à Azito. Arrivé ici en 2003, j’étais le seul vendeur de ciment du quartier. Je stockais mon ciment dans le conteneur », affirme-t-il avec fierté en sirotant son thé, assis devant sa boutique métallique de 30 pieds peint en jaune et bleu. Son exemple a fait des émules et le quartier est confronté à un problème de santé lié à la prolifération des conteneurs. « Les conteneurs, initialement prévus pour le transport de marchandises, sont désormais utilisés comme espace de stockage improvisés. Ils créant un désordre qui menace la santé des habitants », accuse Wilfred Zadi, un résident du quartier. L’homme n’a pas tort. Certaines de ces structures métalliques sont utilisées pour stocker des ordures. A Akouédo, site de la décharge publique à Abidjan, ces conteneurs créent une nouvelle décharge. Ces ordures s’y accumulent et favorisent la production d’eaux stagnantes dans les rues. « Avant il y’avait la décharge, aujourd’hui c’est dans les conteneurs qu’on déverse toutes les ordures du village. Nous tombons régulièrement malades à cause de ça ! », crie dame Marie Yapi, une des doyennes du village d’Akouédo. Dans certains quartiers d’Abidjan, les conteneurs prisés pour le commerce deviennent des menaces à la santé publique.
Machiami CAMARA
et Ivan AHOU